À lire, un article de B. Suprin intitulé «Lorsque les soins de réanimation deviennent déraisonnables: réflexion éthique à partir d’une expérience partagée», en prépublication dans la revue Éthique et santé (août 2024), dont voici le résumé:

«En raison du développement exponentiel des nouvelles technologies et des innovations scientifiques, repoussant toujours plus loin les limites de la vie, depuis la seconde moitié du XXe siècle, les questionnements éthiques se sont invités dans le domaine médical et sont devenus de plus en plus prégnants. À partir d’une expérience vécue dans un service de réanimation de chirurgie cardiaque, l’article explore les questions suscitées au cours du processus de décision accompagnant la démarche de soin dans une sphère de haute technicité médicochirurgicale. Comment l’implantation d’une assistance cardiaque, s’inscrivant initialement dans un projet thérapeutique visant à être bienfaisant, a-t-elle pu déboucher sur une situation inextricable de marasme clinique, parcourue par des tensions éthiques vives ? La médecine, en tant que science, dont la dimension technologique s’accroît, tend à repousser les frontières de notre mortalité, au risque de nier la vulnérabilité constitutive de notre humanité. L’autonomie du patient est primordiale dans le cadre actuel de la relation médecin-patient. Cependant, dans les unités de soins intensifs, la valeur du consentement des patients peut être mise en doute en raison de leur fragilité physique et de leur extrême vulnérabilité. Dans ces situations, les soignants peuvent aussi être émotionnellement touchés, d’où une « vulnérabilité partagée » soignant–soigné. Ainsi, la question centrale est la justesse du soin et son équité, en particulier dans les services de haute technicité. En effet, la tension entre principes de bienfaisance et de non-malfaisance peut déboucher sur le redouté « soin futile » voire sur une situation d’obstination déraisonnable. La responsabilité médicale et soignante, inaliénable, est ici convoquée : l’impératif moral de « prudence », compris en un sens aristotélicien, gagnerait à être rappelé pour préserver l’humanité du soin, à l’écoute éthique de ces situations particulières.»

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