À lire, un article de Fabrice Gzil et Paul-Loup Weil-Dubuc intitulé Faut-il vraiment parler de «tri»?, paru dans le Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine (vol. 209, n°9, déc. 2025), dont voici le résumé:
«Dans cet article, nous défendons trois idées. Bien que l’on parle souvent de « tri » en médecine, et même parfois d’une « médecine du tri », le terme de tri (qui renvoie à l’idée d’élimination et d’élection) est impropre pour décrire l’activité ordinaire de la médecine, qui relève à nos yeux d’un triage, c’est-à-dire d’une orientation différenciée des patients dans le système de santé. En deuxième lieu, ce triage médical, cette orientation différenciée, s’opère à la fois sur une base individuelle (afin de donner à chaque patient le traitement le plus approprié à sa situation) et sur une base populationnelle (pour répartir au mieux les ressources de santé disponibles). Enfin, le triage populationnel peut prendre des formes très différentes, qui vont du simple report de soins à l’annulation pure et simple de procédures ou d’interventions, en passant par le fait de proposer des prises en charge plus ou moins suboptimales, pendant un temps plus ou moins long, ce qui peut avoir des conséquences plus ou moins graves, tant d’un point de vue médical que d’un point de vue éthique. Si certaines formes de triage populationnel ont, jusqu’à présent, fait l’objet de nombreux travaux et réflexions, d’autres sont mises en œuvre de manière large, sans recevoir toute l’attention éthique qu’elles méritent.»