À lire, un article de Cyril Hazif-Thomas, Cindy Donnart, et Marie-Hélène Tristchler-Le Maître intitulé «Questions de santé mentale et de libertés au croisement des dilemmes soignants remontés aux espaces de réflexion éthique régionaux», paru dans la revue L’encéphale (vol. 51, n°1, supp., fév. 2025), dont voici le résumé:

«L’action des espaces de réflexion éthique régionaux ne concerne pas que le champ de la bioéthique contemporaine et porte aussi sur nombre de questions de santé mentale rencontrées dans la pratique clinique et le travail d’équipe. L’exercice de discernement de conflits de valeurs est une exigence éthique qui suppose de nourrir un vivre-ensemble se basant sur le « penser ensemble » pour chacun et pour tous : un devoir de résistance collégiale afin d’éviter des dérives potentiellement délétères tant sur le plan humain que thérapeutique. Porter l’accent sur la proportionnalité dans les décisions médicales complexes en santé mentale nécessite de concilier protection, sécurité, et respect des libertés fondamentales, tout en équilibrant l’intérêt général et les besoins individuels. Cet arbitrage nécessite de donner une place plus forte à la réflexion éthique, afin d’éviter des décisions purement centrées sur la dimension sanitaire et actées sans respect de la démocratie sanitaire. En Bretagne et partout en France, les saisines des cellules de soutien éthique mettent en évidence les défis rencontrés sur le terrain, notamment en ce qui concerne les décisions institutionnelles de gestion de crise pendant la pandémie de COVID-19 ou encore en ce qui concerne les soins de santé mentale en fin de vie ou même face à des pathologies résistantes aux traitements. Ces situations soulèvent des questions critiques sur le respect de la dignité et de l’humanité des personnes soignées. Le respect d’une éthique de la compréhension, faite de retenue et de juste mesure, faisant appel à la délibération collégiale dans ces situations, apparaît essentiel à déployer au quotidien. Dans le contexte de la fin de vie, le besoin de développer la psychiatrie palliative en France devient une priorité. Ce développement permettrait de proposer des soins plus justes, respectueux des libertés individuelles, et mieux adaptés aux besoins spécifiques des patients en grande souffrance psychique, en particulier dans les environnements de vie fragilisés tels que les Ehpad, afin d’assurer une meilleure articulation des principes de bienfaisance et de non-malfaisance.»

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