[Journée d’étude et d’échange] Le soin à la rencontre du juridique
La place du soin psychique et du carcéral a toujours été déterminée à la fois par une recherche de positionnement éthique mais également et surtout par la pression de la demande sociale. Selon les dernières études, environ un tiers des détenus actuellement incarcérés porterait un diagnostic psychiatrique. Nous trouvons des dispositifs de « normalisation »; de façon prédominante à la fois à l’hôpital psychiatrique et dans le milieu pénitentiaire. En effet, que devient le rôle de chaque institution, où se situe la limite entre l’hospitalisation et l’incarcération dans le cas de passage à l’acte?
Aujourd’hui la question de la responsabilité et de la dangerosité se pose de plus en plus. A l’heure où les politiques actuelles tendent vers une criminalisation de la figure du fou: le questionnement évolue, nous passons de « faut-il juger les fous? » à « comment juger les fous? »
Les moyens utilisés par la justice sont bien souvent les expertises médico-légales, psychiatriques et psychologiques, les obligations de soins, les injonctions thérapeutiques, les placements sous contrainte, les programmes de soin… On peut se demander ce qui détermine la part de responsabilité pénale d’une personne lors d’une expertise psychiatrique ou psychologique?
Comment est mesurée la dangerosité d’une personne? Ces véritables outils judiciaires prennent une place importante dans l’orientation des sujets, y compris dans leur soin. Ainsi le soin et le juridique se mêlent, comme l’énonce la loi du 5 juillet 2011 imposant une rencontre obligatoire du patient hospitalisé sous contrainte avec le juge des libertés.
Parallèlement à tout cela, nous voyons disparaître la fonction asilaire de l’hôpital psychiatrique. En quoi l’hôpital reste-t-il un lieu d’accueil et de soin? Comment accueille-t-il les patients? Qu’en est-il alors du soin et de la justice dans l’irresponsabilité pénale? La prison prend-elle une fonction « d’accueil » pour les sujets en mal de contenance? Dans ce cas, qu’en est-il du soin en prison?
Une des fonctions de la justice pénale est de favoriser la réinsertion des auteurs de délinquance dans la société et de tenter de prévenir de la récidive. Si la personne présente des troubles psychiatriques, qu’en est-il de sa prise en charge? Nous semblons donc assister à un glissement où la psychiatrie se judiciarise et le pénitentiaire tend vers le soin. Dans cette perspective apparaissent de nouvelles formes d’incarcération et de soin proposés par les UHSA. Mais si la loi du 22 avril 2005 souligne le fait que c’est le patient qui, par son consentement, fonde la mission du soignant, qu’en est-il du consentement éclairé au sein de ces nouvelles structures?
Pour terminer nos propos nous souhaitons, une nouvelle fois citer M. Foucault qui note que « La prison est à replacer dans la formation de cette société de surveillance. La pénalité moderne n’ose plus dire qu’elle punit des crimes; elle prétend réadapter des délinquants. »
Comment articuler alors le soin et le juridique? Quand la justice veut protéger et prévenir, que le soignant veut accueillir la souffrance et prendre soin, y-a-t-il une compatibilité dans les objectifs visés par le soin et par la justice?
Ainsi quelle éthique nous oriente ?
Modalités de participation :
La journée est ouverte au public.
Participation: 15 euros, 5 euros pour les étudiants, gratuite pour le personnel de l’hôpital de Grasse.
Pas d’agrément formation.
Pré-inscription obligatoire, avant le 20/09/19, places limitées (validées après paiement).
Contact: a.dagnolo@ch-grasse.fr
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