La revue médecine/sciences 35, 2 (février 2019) publie un long entretien avec Frédéric Worms, philosophe et professeur de philosophie contemporaine à l’École normale supérieure, membre du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé:

médecine/sciences. Vous êtes membre du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) depuis 2013. Avant d’aller plus avant, pouvez-vous définir ce qu’est à ce jour la bioéthique pour un philosophe ? Lors d’une conférence du CCNE, vous avez dit que « nous entrions dans un deuxième âge de la bioéthique, caractérisé par les relations entre acteurs, tandis que le premier aménageait la coexistence des valeurs et des cultures ».

Frédéric Worms. Cela découle d’une réflexion générale sur ce qui constitue la bioéthique, réflexion qui est l’objet de beaucoup de malentendus. Or, on peut dire que la bioéthique n’est pas une éthique, au sens où ce n’est pas un système général de morale, élaboré d’un coup par qui que ce soit, même par l’État, surtout pas par l’État. L’État n’est pas chargé de dispenser une éthique. La bioéthique est plutôt une démarche par laquelle on aborde les contradictions éthiques suscitées par les démarches biologiques et médicales. Et je dis bien des contradictions, c’est-à-dire des contradictions entre des éthiques, et pas seulement des contradictions entre quelque chose d’éthique et quelque chose qui serait une violence, ou contraire à l’éthique (Source: m/s 35, 2).

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