À lire, un article de Noémie Merleau-Ponty paru dans les Ateliers d’anthropologie n°46, intitulé « Corps embryoïdes : biologie moléculaire et cellules vivantes », dont voici le résumé:
« L’ethnographie d’une technique de recherche fondamentale en biologie du développement (la production de corps embryoïdes ou EB) montre comment des cellules sont des matériaux de travail pour une approche scientifique qui repose sur une conception moléculaire de la vie et connecte différentes espèces. Cependant, ces corps, qui ne sont pas des embryons même s’ils leur ressemblent, renvoient à des conceptions vitales dépassant une approche simplement moléculaire. L’article montre comment certains biologistes réagissent avec des émotions fortes qui associent les cellules à une forme d’autonomie. Par ailleurs, la contextualisation de la recherche fondamentale à partir de ses interfaces avec la fécondation in vitro montre comment un embryon créé et protégé par un projet parental peut changer de laboratoire et devenir amas de cellules ou matériel de laboratoire. L’embryon humain doit être d’abord implanté dans la parenté – puis détaché de la parenté : on commence à l’humaniser, puis on arrête le processus humanisant pour le métamorphoser en lignée de cellules-souches embryonnaires humaines. Les corps embryoïdes sont des matériaux de laboratoire construits qui sont également pétris par des émotions et des marges, passées et futures, au creux desquelles bat le rythme organique du vivant. »