À lire sur le blogue de Moïra (via Mediapart):

« Le constat partagé par beaucoup selon lequel la psychiatrie souffre d’un manque de moyens chronique ne doit pas occulter un autre constat, celui de l’indigence intellectuelle croissante dans le vaste champ de la santé mentale et ses institutions. Vacuité de la pensée qui n’a pas d’autre cause qu’un fléchissement éthique décisif et qui pose, à terme, la question de la survivance du psychiatre.

Si la psychiatrie à ses plus belles heures a constitué une fenêtre ouverte sur la question existentielle de l’être de l’Homme, ses belles heures nous paraissent maintenant bien lointaines. C’est bien sûr toujours de l’être de l’Homme que le psychiatre d’aujourd’hui nous parle, mais c’est d’un être qui ne vaut pas cher.

Par l’expression « psychiatre d’aujourd’hui », nous entendons le prototype de l’avènement d’un psychiatre nouveau, bercé et nourrit au langage scientifico-libéral, et nullement l’ensemble des psychiatres en exercice, sachant bien qu’un certain nombre d’entre eux s’obstinent à résister à l’assombrissement tragique qui pèse sur leur profession. 

L’hégémonie actuelle du discours neuro-scientifique nous laisserait volontiers croire que les maladies, ou plutôt les « troubles mentaux » comme il faut dire maintenant, existent depuis que l’on sait lire (ou que l’on croit savoir lire) l’activité du cerveau. Ainsi le psychiatre d’aujourd’hui disposant d’une heure entière pour nous présenter la schizophrénie sur l’antenne publique, ne prendra même plus le temps de nous expliquer pourquoi le psychiatre suisse Eugen Bleuler, en 1911, dénomma « schizophrénie » ce qui jusque là s’appelait « démence précoce ».  Pendant ce temps, le psychiatre d’antan profère à l’orée de la retraite : ‘aujourd’hui ce n’est plus de la psychiatrie, c’est de la néo psychiatrie’ (sic.) »

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