À lire en prépublication dans la revue Éthique et santé, un article de B. N. Schumacher et J.-G. Piguet intitulé « Les ambiguïtés de la décision partagée: l’autonomie fondée sur la délibération et la relation », dont voici le résumé:

« Pour comprendre sur quels fondements envisager la distinction entre consentement éclairé et décision partagée, nous retracerons en deux temps le parcours qui a amené Charles à distinguer deux modèles initialement pensés comme complémentaires. Si la soi-disant réintégration de la «recommandation» médicale dans la décision partagée ne suffit pas à distinguer ces deux modèles, contrairement à ce que prétendent Charles et Emanuel avec elle, nous verrons que Charles nous offre d’autres bonnes raisons de le faire, à commencer par la possibilité de penser de façon cohérente cet engagement du médecin. Dans un troisième temps, nous tenterons de retrouver la racine des problèmes qui ont conduit à l’indétermination du modèle de décision partagée et à rendre compatible interprétation et conseil. Nous défendrons la thèse selon laquelle une véritable différenciation du modèle de la décision partagée et du simple consentement éclairé repose sur l’ambition de construire des préférences, qui suppose que le soi n’est pas transparent à lui-même, contrairement à la figure de « l’acheteur rationnel » du paradigme utilitariste ; et sur une vision complémentaire des rôles de l’interprète et du conseiller. De surcroît, adopter une telle vision nous permettra de montrer que l’enjeu de la décision partagée n’est pas seulement de réaffirmer le principe de bienfaisance, mais de refuser une définition toute formelle et vide du « respect des préférences du patient » au profit d’une vision relationnelle du soi autonome se construisant par la délibération en commun. »

Accéder à l’article