Chers amis, chers collègues, chers lecteurs,
Nous sommes à la croisée des chemins.
Le gouvernement, jugeant que la situation des Français n’était plus tenable, a brûlé ses vaisseaux et commencé à annoncer un calendrier de déconfinement. Mais manifestement le cœur n’y est pas.
Les hôpitaux sont toujours sous pression. Chaque jour de nouvelles mutations virales sont annoncées, nous persuadant que l’ennemi va prendre racine sous des masques (variants) divers, et pour longtemps. Il n’y a dans le paysage que l’industrie de bio-ingénierie vaccinologique qui ne serait pas à plaindre. La vaccination est donc la seule option pour nous sortir d’affaire mais tout ne coule pas de source.
Après le retard à l’allumage de l’approvisionnement du premier trimestre et la défiance engendrée par les déboires d’AstraZeneca, le calendrier vaccinal est à la peine pour tenir le rythme. Aujourd’hui, beaucoup de Français qui souhaitent être vaccinés ne sont pas éligibles, alors que d’autres qui pourraient y prétendre refusent de s’y soumettre. Nombre de créneaux horaires sont ainsi désertés et des généralistes alertent sur le gaspillage de doses inutilisées et jetées car c’est au front des sceptiques et réfractaires de tout poil que nous nous heurtons maintenant.
A ce jour, seulement 9% des Français sont correctement vaccinés avec leurs deux doses. A ce rythme, l’objectif d’une immunité collective est encore loin et d’autres « stop and go » pourraient venir encore aggraver la facture (fracture?) socio-économique.
La poursuite ne varietur de la stratégie vaccinale choisie par le gouvernement doit donc être questionnée. Il faut manifestement changer de braquet et ouvrir la vaccination à tous ceux qui la réclament.
La discrimination sur l’âge n’a plus de sens puisque c’est la protection vaccinale qui conditionne la reprise des interactions sociales et par conséquent de la vie économique.
Il n’est plus éthique d’écarter les forces vives de la seule protection avérée que l’on ait à proposer. A la guerre (puisque nous l’avons déclarée au SRAS-CoV-2 depuis un an), c’est une éthique utilitariste qui s’impose d’elle-même pour maximaliser le bien du plus grand nombre.
Dans une situation de crise, qui réclame toujours une prise de risque calculée et assumée, l’excès de prudence et la recherche pointilleuse de la perfection, qui caractérisent notre techno-bureaucratie, provoquent immanquablement des retards regrettables.
Interrogeons-nous aussi sur le mésusage du principe de précaution qui, pour se prémunir d’un risque sanitaire certainement surévalué par les épidémiologistes, a choisi dans une optique court-termiste de sacrifier durablement l’Économie sur l’autel de la Santé. Car comment concevoir qu’un pays affaibli et accusant un déficit phénoménal puisse durablement maintenir un système de santé et de protection sociale performant?
Enfin, il faut œuvrer pour que la vaccination ne soit plus vue par certains comme une contrainte mais plutôt, par ses bénéfices secondaires (abandon du masque, réouverture des lieux interdits), comme la réelle contrepartie d’un retour (progressif) à une vie normale.
Mettons enfin en place ce laisser-passer vaccinal, qui de toute façon finira par l’être, car il faut bien sauver les lieux de convivialité et les saisons touristiques des destinations de villégiature qui ne demandent qu’à survivre.
Mais là aussi ce sont les sempiternelles questions autour de la circulation des données personnelles qui freinent son adoption, comme ce fut le cas avec les deux applications de traçage StopCovid / Tousanticovid (total de 15 millions de téléchargements) dont le rôle réel dans la lutte contre la pandémie reste à évaluer.
Puisque la diffusion de ce passeport vaccinal comportant des informations personnelles sensibles et émis par une instance centralisée gouvernementale suscite de la méfiance, pourquoi ne pas saisir l’opportunité d’investir sur des technologies disruptives plus soucieuses de la vie privée?
Que ce soit pour le suivi des cas contacts ou pour attester d’un état d’immunité (post-COVID ou post-vaccination), une inscription sur un registre distribué (blockchain) apporte toutes les garanties souhaitables. Il est ainsi aisé d’émettre un certificat crypté de vaccination, enregistré de manière infalsifiable et immuable sur une blockchain comme le font depuis un an des hôpitaux chypriotes. Les données personnelles y restent sous le contrôle total et exclusif du propriétaire, seul habilité à délivrer une autorisation d’accès à un tiers.
Mais convenons que le recours à une technologie décentralisée issue de la cypherpunk culture qui a pour ADN le respect et la confidentialité de la vie privée n’est pas du goût de tout le monde.
L’immémoriale méfiance qu’entretient la verticalité vis-à-vis de la transversalité trouvant une fois de plus ici à s’exprimer.
Tenez bon !
Pr Gilles Bernardin