À lire, un article de R. David à paraître dans la revue Éthique et santé (mai 2023), intitulé «Enjeux éthiques de la réanimation en contexte humanitaire: récit d’une expérience de terrain», dont voici le résumé:

«La médecine humanitaire est une pratique singulière, dont les enjeux éthiques sont nombreux. Si elle peut parfois représenter une activité permanente, elle se superpose le plus souvent à une pratique médicale plus habituelle, dans son pays d’origine, inscrite dans des représentations, des techniques, et des valeurs, parfaitement maîtrisées et intégrées. La volonté de partir en mission humanitaire fait souvent écho à la recherche d’un certain idéal médical, qu’il est souvent nécessaire d’apprivoiser pour réussir à pratiquer dans des conditions parfois extrêmes. Le médecin anesthésiste-réanimateur est un maillon de cette chaîne humanitaire et sa pratique est émaillée de questionnements éthiques, liés à des problématiques médicales généralistes, mais aussi à des réflexions propres à sa spécialité. Les enjeux éthiques du réanimateur en situation humanitaire sont en partie liés à la dimension culturelle, médicale et sociétale. Ils recoupent ainsi des questionnements en rapport avec la médecine et la chaine de soins, les liens entre les patients, leur famille et leur communauté, mais aussi le rapport à la mort et à la maladie. Les problématiques éthiques touchent également la pratique médicale en elle-même et l’apprentissage de nouveaux schémas de prise en charge. Celui d’apprendre à soigner sans diagnostic, et en situation de pénurie constante. Enfin, les dilemmes éthiques concernent aussi l’action humanitaire en elle-même et la pratique médicale qu’elle implique, ses relations avec les forces locales en présence et l’équilibre sanitaire qu’il convient de créer, ou de préserver quand il existe. À travers le récit d’une expérience personnelle, la dimension éthique du métier de médecin humanitaire, et plus spécifiquement du médecin réanimateur en situation humanitaire est questionnée, à la fois sur sa pratique de terrain, mais aussi sur les difficultés du retour de mission. Il met en lumière les interrogations, les contrastes et les difficultés que la mise en perspective d’un exercice double, en France et en Afrique soulève.»

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