RENCONTRE-DÉBAT avec Jean-François PEYRET
Thème :
La fabrique des monstres ou Démesure pour mesure,
D’après Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley.
Argumentaire :
« […] l’aventure scientifique et technique de l’Occident n’a pas pour seul mobile la connaissance de la nature des choses : connaître, c’est aussi expérimenter. Connaître le vivant, c’est aussi vouloir le fabriquer et le soustraire à sa détermination essentielle : la mort. Le programme prométhéen (ou faustien – mais ça commence avant Faust, Goethe l’a bien dit) est un programme de possession et de domination de la nature, mais aussi d’insoumission à ses lois. La nature vous a voulu stérile, vous serez à la tête d’une famille nombreuse (vous aurez les allocations familiales) ; la nature nous a fait mortels, nous vaincrons la mort, on vous le promet. Le théâtre est familier de ces questions : cela s’appelle l’hybris tragique. Démesure pour démesure devrait être inscrit au fronton de nos théâtres. Agitant en moi ces pensements (dirait Montaigne) prométhéo-faustiens, mes pas me portèrent au bord du lac Léman. Si mon théâtre se nourrit de l’air du temps (du Zeitgeist, me souffle inspiré mon daïmon dramaturge), il sait aussi profiter du plein air (on travaille sur le motif en plein air, c’est connu). En me baladant au bord du lac, les motifs de l’ouvrage à venir ont cristallisé, l’idée de théâtre a pris – car c’est au bord de ce lac que Mary Shelley a imaginé Frankenstein et c’est sur les mêmes rives que se concocte un des projets les plus ambitieux de l’ère scientifique, le Humain Brain Project (HBP), qui ne propose rien moins que de simuler le cerveau humain, pour mieux le connaître, mieux le soigner, bien sûr, et inventer une informatique nouvelle (capable de le dépasser ? C’est une question). »
Jean-François PEYRET
Cette rencontre est organisée par Brigitte Joinnault (CTEL/département des arts/UCA), dans le cadre du séminaire « Faire théâtre avec l’actualité » – dialogues entre théorie et pratique, co-dirigé par Ondine Bréaud-Holland (CRHI), Brigitte Joinnault (CTEL) et Kathrin-Julie Zenker (CTEL).
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