Un article de R. David et M.-F. Mamzer-Bruneel paru dans la revue Éthique et santé, dont voici le résumé:
« La ‘pénurie’ d’organes globale actuelle incite à œuvrer pour diminuer le nombre de refus de prélèvement, qui fait obstacle au don d’organes de plus de 33 % des personnes décédées en mort encéphalique en France. Or, alors que la collecte des organes est régie par le principe de non-opposition, les données publiées par l’ABM démontrent que les 2/3 des refus sont l’expression de la volonté des proches. Ce travail étudie les représentations des coordonnateurs de prélèvement en Île-de-France, afin de tenter de comprendre les raisons pour lesquelles ils considèrent ces décisions comme légitimes, en désaccord avec la loi de bioéthique. Les 24 professionnels participant (17 infirmiers et 7 médecins) aux entretiens décrivent des pratiques homogènes globalement conformes aux recommandations de l’ABM. Alors que tous connaissent les termes de la loi et déclarent y adhérer, ils se sentent au cœur d’une ambivalence. Soignants avant tout, ils doivent aux proches endeuillés l’ouverture d’un espace de dialogue propice à un juste accompagnement, tandis qu’au regard de la loi, ils devraient privilégier l’information et le recueil de témoignage. Le dialogue instauré mobilise un agir communicationnel dont l’enjeu devient implicitement la décision partagée du don, l’empathie prenant souvent le pas sur la rationalité de la norme. Les coordinateurs sont donc à l’interface de la loi et de la singularité des familles en deuil et sont soumis à de nombreux dilemmes éthiques. L’accompagnement des proches étant la première préoccupation des coordinateurs, cela peut contribuer à expliquer le pouvoir décisionnel qui leur est accordé. »
Lire aussi « Le don d’organes: voir au-delà des volontés individuelles?« , de Louise Bernier, dans la revue Éthique et santé.