À lire, dans Forum protestant, l’article de Nadine Davous intitulé « Les enjeux de la loi de bioéthique »:
« Approuvé par les députés ce 15 octobre en première lecture, le projet de loi de bioéthique a fait suite à des États Généraux qui ont permis une large concertation. Pour Nadine Davous, qui détaille ici les différents enjeux (théologiques, anthropologiques, éthiques et sociétaux) auxquels il s’agit de faire face, le projet de loi se situe forcément dans un entre-deux, posant des limites tout en ouvrant de nouveaux droits. Un entre-deux fragile et provisoire puisqu’il vise à bien faire mais « à une époque donnée, dans une société donnée ».
Introduction : ce qui est nouveau
Après un Grand Débat national sous forme de cahiers des charges dans les mairies, propositions sur le site internet et débats locaux qui ont remporté un vif succès sans savoir encore ce qui va en résulter (si ce n’est la satisfaction pour les uns d’avoir pu s’exprimer, de nouvelles frustrations sans doute pour d’autres), on peut espérer que le bénéfice premier de cette libération de la parole sera la prise de conscience que de bonnes lois ne surgissent qu’au terme d’une mûre réflexion …
Tel a été le cas aussi en 2018 pour le travail de concertation citoyenne (1) préalable à la révision de la loi de bioéthique que l’Assemblée nationale vient de voter en première lecture (2). Pour autant, les enjeux ne paraissent pas tout à fait superposables, tant la bioéthique a rapport au vivant, à ce qui touche directement l’homme, l’humain, dans la pérennité de sa vie, de son existence même. En amont donc des revendications des Gilets jaunes, mais non à la marge, tant son champ d’application s’étend en fait du monde médical à des choix qui engagent la société tout entière. La santé est du domaine public !
En effet, si je reprends la définition du philosophe Paul Ricœur, l’éthique est de l’ordre du questionnement, de l’in-quiétude, et d’un désir, celui d’une vie bonne : qu’est-ce qui est bon et juste pour l’homme dans la société où il vit ? Et les questions de bioéthique, que ce soit en matière de procréation ou de fin de vie, ou ce qui concerne l’application à l’homme de la génomique, de l’intelligence artificielle, de la robotique … ne constituent que des exemples pratiques dans des situations suscitant une émotion ».