Le mouvement posthumaniste, autre nom et radicalisation du transhumanisme, qui projette un homme dépassant sa condition corporelle par son hybridation aux machines, va bien avec notre temps. Ses partisans le conjuguent au futur : ils nous annoncent ce que l’avenir sera, sans s’embarrasser du moindre conditionnel hypothétique. Par leur assurance prophétique, ils veulent nous aspirer dans la spirale du temps technologique, renforçant ainsi la tyrannie du mode de vie que nous imposent déjà jour après jour les entrepreneurs du numérique, les rois du silicium.
Ce livre s’en prend d’abord aux deux arguments-phares du posthumanisme, celui de la liberté de « s’augmenter », de poursuivre le projet d’un homme émancipé de ses faiblesses naturelles, et celui des bienfaits de l’amélioration par les techniques. Il réfute sur leur propre terrain les fausses évidences sur lesquelles ces deux argumentaires reposent. Mais surtout, il élargit le débat à la question de l’emprise technologique sur nos sociétés, mettant en évidence le rôle de complice objective que joue à cet égard ce que l’auteur appelle la « Petite éthique », à savoir l’éthique libérale des droits individuels. Ainsi, le posthumanisme nous lance un défi démocratique : celui de se réapproprier notre avenir, c’est-à-dire de faire en sorte qu’il se conjugue non plus au futur obligé, mais au conditionnel politique.