Entrer en bioéthique, c’est pénétrer dans un monde nouveau. Non parce qu’elle serait une série d’avancées technologiques devenues soudainement prodigieuses, mais en raison du pouvoir inédit que nous avons acquis.
Il s’agit d’un changement radical qui touche la vie de l’homme en sa singularité et dans sa relation sociale, ainsi qu’avec l’environnement. Certains supplient qu’un moratoire s’établisse, d’autres rêvent ou prédisent un humanisme sans aucun imprévu ni aucune finitude, d’autres encore cherchent une voie éthique qui préserve l’être humain d’une désillusion et qui le garde heureux selon son inaliénable et inviolable dignité.
Je voudrais réfléchir sur l’enjeu qu’est la confrontation culturelle entre la technique qui s’impose, et la responsabilité morale de l’homme qui demeure. Il faut en effet « permettre à l’espèce humaine de survivre », devinait déjà en 1970 Van Rensselaer Potter, le premier à avoir forgé le mot « bioéthique ».