Le tact dans le soin : une exigence éthique
Le tact dans le soin : une exigence éthique
Autour de Pierre le Coz PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE, FACULTÉ DE MÉDECINE DE MARSEILLE
Françoise Fabre ENSEIGNANTE SAGE-FEMME
Anthony Gélis MÉDECIN-RÉÉDUCATEUR
Avec un ancien patient DU CENTRE DE RÉÉDUCATION PROPARA
Jacques Mateu CHIRURGIEN
Sandrine Vanderhoeven INFIRMIÈRE EN SOINS PALLIATIFS
« Avoir du tact, c’est toucher sans toucher. »1
Tact du regard, tact de la main, tact des mots…
Au travers des paroles et des gestes échangés, c’est par une attitude nuancée d’attention et de soutien que se traduit le tact.
Phénomène moral d’adaptation à ce qu’exige la situation d’intimité imposée en contexte clinique, il est indispensable pour rendre supportable ce moment de passivité souvent subi comme une violence intrusive par le patient. Dans la relation de soin, le tact procède d’une conscience aiguë de la vulnérabilité de la personne malade et de la singularité de l’échange. C’est une perception fine de la complexité de la situation.
Le tact prend donc une double dimension dans la pratique quotidienne du care : sensorielle et sensible. Etymologiquement, il renvoie d’abord au sens du toucher, le seul des cinq sens à être réciproque. Délicatesse du geste qui prend en compte la sensibilité de l’autre en ménageant sa pudeur. Délicatesse dans l’échange émotionnel aussi, le tact est affaire de perception plus que d’idée, de connaissance intuitive.
Par l’empathie s’enclenche un mécanisme d’ajustement immédiat des gestes et de la parole du soignant à la personne qui fait l’objet d’attention. En cela, le tact possède une dimension éthique, c’est une vertu. Robert Audi évoque un « devoir de manières »2 qui s’ajoute aux principes éthiques fondamentaux.
1. La pudeur, Eric Fiat (Plon/France culture, 2016)
2. The good in the right, Robert Audi (Princeton University Press)
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