Le fait de déterminer un âge pour « être vieux » et de réduire le vieillissement au seul concept de « vieillissement-dépendance » n’entraîne-t-il pas un déni collectif de ce qui demeure, pour tous, une étape de la vie ?

L’allongement de la durée de la vie s’accompagne d’une situation inédite aux impacts et enjeux sociétaux majeurs. En effet, selon l’OMS, entre 2000 et 2050, la proportion de la population mondiale de plus de 60 ans doublera pour passer d’environ 11% à 22% s’accompagnant, dans les pays en développement, d’une augmentation spectaculaire du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie. Ces données démographiques nous engagent à repenser notre façon de vivre ensemble afin, selon la loi de 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement, de permettre une meilleure inclusion des personnes âgées dans la société. Mais la seule utilisation du terme « inclusion des personnes âgées » n’est-elle pas en elle-même une question éthique car n’est ce pas admettre à priori qu’elles en sont exclues selon le seul critère de l’âge et en partant du principe que tous les membres d’un groupe donné sont identiques ? Le fait de déterminer un âge pour « être vieux » et de réduire le vieillissement au seul concept de « vieillissement-dépendance » n’entraîne-t-il pas un déni collectif de ce qui demeure, pour tous, une étape de la vie ? Cette vision réductrice induit de vrais problèmes éthiques se traduisant par des attitudes de discrimination face à ceux qui demeurent citoyens jusqu’au bout de la vie. De plus, comment la liberté des citoyen(ne)s les plus âgé(e)s peut s’exprimer en terme de choix de lieu et de mode de vie sans qu’ils acceptent forcément les modèles normatifs qui leur sont proposés voire imposés ? (Source: France Culture)

Une conférence enregistrée en janvier 2020.

Anne Marcilhac, neurobiologiste, maîtresse de conférences HDR, École Pratique des Hautes Études, et directrice de l’Institut transdisciplinaire d’études du vieillissement.