À lire dans Le Devoir, un texte intitulé « Devrais-je défier l’ordre de confinement pour accompagner mon père? » signé Micaël Bérubé (Département de philosophie, Collège Montmorency):

« Ce soir, j’ai reçu un appel de l’hôpital. Mon père, 75 ans, a pleuré tout l’après-midi et fait une crise d’angoisse. On m’a dit qu’il voulait voir sa femme. Mais sa femme — ma mère — est décédée d’un cancer depuis une dizaine d’années déjà.

Peut-être qu’il voulait la rejoindre. Peut-être que c’est compréhensible.

Mon père est coupé du monde à la Cité-de-la-Santé de Laval depuis presque deux semaines, à la suite d’une chute à sa résidence. En tout, cela fait cinq semaines qu’il n’a pas vu ses enfants. Il souffre de la maladie d’Alzheimer. Il n’entend plus bien, parle difficilement. L’étage de la résidence était déjà glauque, même au privé, même à ce prix. À l’hôpital, il est alité et ne marche plus. Il n’arrive plus à digérer ou à uriner normalement. J’imagine les plaies de lit. Il est gavé de médicaments pour « le garder calme ». Pas d’animation ou de programme d’activités. Pas de visiteurs admis. Les cadeaux passent la sécurité, pas l’affection. Demain je lui fais brancher la télévision. C’est seulement 7,50 $ par jour, payable à une entreprise ontarienne. »

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