À lire, un article de Marie Bourgouin, généraliste spécialisée en médecine palliative, membre de l’équipe mobile douleur-soins palliatifs au sein de l’Institut Universitaire de Cancérologie de Toulouse et membre du Comité d’éthique de son établissement et à l’Espace de Réflexion Éthique Occitanie, paru dans la revue Éthique – La vie en question (novembre 2022).

« Mehdi a 27 ans. Il est atteint d’un cancer du rein métastatique qui a progressé très vite, tellement vite qu’aujourd’hui Mehdi est à bout de souffle et qu’aucune chimiothérapie n’a réussi à freiner l’évolution de son cancer. Il est hospitalisé, incapable de faire le moindre geste, de prononcer le moindre mot sans avoir à reprendre son souffle. Devant son épuisement, sa lutte acharnée pour respirer, communiquer, l’équipe médicale et soignante lui propose « d’être endormi ». Mais Mehdi multiplie les refus, attisant l’incompréhension des uns et la colère des autres: « C’est inhumain de le laisser vivre comme ça. » Mais Mehdi ne veut pas dormir.

La sédation est aujourd’hui présentée comme l’ultime soin, le soin du dernier recours, celui permettant de répondre à l’injonction d’apaisement de toutes les souffrances de fin de vie. Elle constitue pour les soignants – comme pour la plupart des patients – l’espoir d’une possibilité d’apaisement, même dans les situations les plus difficiles. Elle apparaît dans ces situations comme une possibilité de réponse face à l’impuissance ressentie par les soignants dans les situations de souffrance extrême. Elle devient alors une évidence. Pourtant, la sédation apporte aussi un flot d’incertitudes venant sans cesse interroger la justesse du soin proposé. Est-elle la bonne décision? Est-elle faite au bon moment? Le patient est-il soulagé? Que ressent-il? Une seule certitude semble s’imposer: celle du silence auquel elle laisse place. Y a-t-il des conséquences à ce silence? »

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