À lire dans les Annales médico-psychologiques, un article de Vincent Morel et Étienne Hubert intitulé «Une approche de la fin de vie qui évolue. Réflexions à partir des vingt ans de pratique en soins palliatifs», dont voici le résumé:

«Au-delà d’une question médicale, l’accompagnement des personnes en fin de vie est un sujet qui mobilise l’ensemble de nos sociétés. Si les réponses apportées dans chaque pays sont différentes, elles se construisent néanmoins toutes en écho à une représentation individuelle et collective de ce que serait une bonne mort : cet idéal que l’on espère pour soi et ses proches. Elles dépendent de l’histoire, des repères moraux et philosophiques, des attentes des concitoyens qui sont propres à chaque pays. Aussi n’est-il pas étonnant que les politiques de santé publique, que les législations soient différentes, que certains pays autorisent l’euthanasie et/ou l’assistance au suicide quand d’autres les refusent absolument. La France est aussi tout naturellement traversée par ce débat. Elle doit entendre le souhait de ses concitoyens de vouloir vivre la fin de leur vie à domicile. Elle doit répondre à l’enjeu d’une fin de vie toujours plus médicalisée en évitant qu’elle soit confiée exclusivement à des spécialistes des soins palliatifs. Elle doit renforcer la formation des professionnels pour qu’ils analysent mieux les attentes des patients, en particulier lorsqu’ils expriment un désir de mort. Elle doit surtout éviter de se réfugier dans une réponse binaire, « dépénaliser ou non l’euthanasie », avec l’illusion qu’elle viendrait couvrir la complexité des situations et qu’elle effacerait notre frayeur de la mort. Les auteurs décrivent le débat qui traverse aujourd’hui la société française. Ils décrivent les attentes, parfois ambivalentes, des patients, des familles et de la société d’une mort « sans aucune souffrance », pour ainsi dire maîtrisée, « aseptisée ». En s’appuyant sur une analyse comparée de législations étrangères, les auteurs décrivent les points de tension qui traversent le débat actuel autour d’une aide active à mourir qui pourrait prendre la forme d’une dépénalisation de l’euthanasie ou de l’assistance au suicide. Considérant que l’ouverture d’un droit à accéder à « une mort choisie » modifiera substantiellement la relation de soins, ils s’interrogent en particulier sur l’idée qu’une clause de conscience puisse ou non rassurer les soignants.»

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