Un article de B. Rossin en libre accès, à paraître dans la revue Sexologies, intitulé « En quoi l’infertilité peut être source d’un sentiment d’agression », dont voici le résumé:

Objectif

Évaluer l’agression du corps et de l’esprit autour de l’infertilité qu’elle soit médicale ou sociétale. Cette réflexion s’adosse sur la pratique de 30 ans d’expérience de prise en charge de couples inféconds au sein de l’unité d’assistance médicale à la procréation de l’hôpital Saint-Joseph à Marseille. Force est de constater le parcours difficile des couples dans la démarche diagnostique nécessitant des explorations complémentaires intrusives pour le corps et l’esprit. L’agression et l’espoir se succèdent, bousculant le ressenti des patients. Dans notre société en pleine mutation sur la famille, le personnel soignant se trouve confronté à l’expression du désir d’enfant, vécu comme un choix, une liberté, un droit. Sujet de controverses dans les débats de bioéthique (révision de la loi de bioéthique en cours).

Discussion

Agression du corps et l’esprit par les moyens diagnostiques et thérapeutiques, par l’échec, par l’impuissance devant l’âge qui avance avec la chute de la fertilité. L’agression en AMP se traduit par un taux d’abandon considérable et ce pour toute cause confondue : 35,6 % après une tentative, et augmente à chaque tentative supplémentaire, le taux cumulatif d’abandon est de 90 % après 3 cycles. Les stérilités idiopathiques stagnent de 25 % à 30 %, avec une stabilité déconcertant malgré les progrès diagnostiques. C’est une alerte pour les soignants et pour le politique.

Conclusion

L’agression autour de l’infertilité, met en jeu, deux thématiques, celui de la démarche diagnostique et thérapeutique et celui spécifique du désir d’enfant L’impossibilité d’accéder au désir d’enfant que ce soit naturellement ou après AMP constitue une agression du corps qui n’a plus vocation à porter un enfant, une agression de la psyché qui n’a plus vocation de transmission de l’histoire familiale. La famille a évolué, la place de l’enfant du désir est devenue centrale dans le lien affectif qui unit les parents. La société doit s’adapter aux désirs des patients.

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